Sur la question du Député Nassouri DAAGA relative au développement et à l’utilisation de l’Intelligence artificielle au Burkina Faso, Docteure Aminata ZERBO/SABANE a apporté des éléments de réponses qui s'articuleront autour de trois axes : l'état des lieux du développement de I'lA, les applications concrètes déjà disponibles et la stratégie nationale pour faire du Burkina Faso un hub d'innovation en Afrique de l'Ouest. « Au Burkina Faso, I'état des lieux de l'IA peut s'apprécier à travers une analyse de plusieurs dimensions dont les principales sont le cadre institutionnel et juridique, les infrastructures numériques, la formation des ressources humaines et la disponibilité des données », a-t-elle indiqué.

Sur le plan institutionnel et juridique la ministre a fait savoir que le Burkina Faso a entamé une démarche structurée pour le développement de I'IA. « Mon département, à travers le Secrétariat Permanent de I'Innovation et de la Veille sur les Technologies Emergentes du Numérique (SPIVTEN), coordonne cet effort national. A cet effet, nous avons, entre autres, initié la publication d'un bulletin de veille sur le thème "Intelligence artificielle : Enjeux et défis pour le Burkina Faso" et contribué en 2024 à la rédaction des lignes directrices sous-régionales sur la gouvernance des données et I'utilisation éthique de l'IA », soutient-elle.

Elle a expliqué que l'année 2025 marquera un tournant décisif avec l'élaboration d'un plan d'action dédié à l'IA qui s'appuiera sur la stratégie nationale du développement du numérique en cours de révision qui renforcera le volet sur l'Intelligence artificielle et les technologies émergentes. Sur les infrastructures, Docteure Aminata ZERBO/SABANE a indiqué que le Burkina Faso a considérablement renforcé son infrastructure numérique ces dernières années. Elle a notamment fait cas du Backbone national. Elle a également mentionné les datacenters et du G-Cloud qui constituent des fondations sur lesquelles « nos futurs algorithmes d'intelligence artificielle peuvent opérer de manière souveraine, garantissant que les données des Burkinabè restent au Burkina Faso ».

Sur la Formation et le renforcement des capacités, la Ministre a fait cas de l’émergence d'une expertise locale. Elle a expliqué aux députés que l'avenir de l'IA au Burkina Faso « repose sur nos talents et l'expertise locale en la matière ». La vision du gouvernement est celle de la souveraineté. « Nous refusons d'être de simples consommateurs de technologies conçues ailleurs, nous voulons être des créateurs et innovateurs. Pour ce faire, nous devons nous en donner les moyens. Cela passe par la création d'un environnement favorable à l'éclosion de talents nationaux. Ainsi, les activités programmatiques du projet PACDIGITAL, conduit par mon département, prévoit un financement conséquent pour la mise en place de pôles d'excellence en IA et l'octroi de bourses d'études pour accélérer la formation d'une masse critique de jeunes talents. De plus, une opération spéciale de recrutement de 100 ingénieurs pour une formation accélérée et pointue en IA et en Cybersécurité sera lancée dans les prochaine semaines », précise Docteure Aminata ZERBO/SABANE.

Sur la disponibilité des données, pour la ministre, l'adoption de la loi N°038-2021/AN a créé un cadre favorable pour l'accès aux données publiques, tout en garantissant leur anonymisation. En outre, poursuit la ministre, « l'un des projets les plus prometteurs concerne le traitement automatique de nos langues nationales. En effet, depuis 2019, nous avons entrepris dans le cadre de projets de recherche la collecte de données linguistiques en dioula, fulfulde et mooré ». Le département de Docteure Aminata ZERBO/SABANE finalise actuellement trois projets majeurs : la plateforme DJAM qui est un moteur d'analyse des menaces à la cohésion sociale. Le ChatBot sur la régulation des communications électroniques et le ChatBot sur les textes législatifs du Burkina.

La ministre est consciente que l’IA présente aussi des risques. « Mais nous travaillons à tirer le maximum de profits de l’IA tout en réduisant les menaces » soutient-elle. La ministre est convaincue que l'intelligence artificielle représente pour le Burkina Faso une opportunité historique de transformation. « Notre vision est claire : faire de notre pays un hub d'innovation souveraine en IA, développer des solutions adaptées à nos réalités, et former une génération de spécialistes capables de rivaliser sur la scène sous-régionale. Le Burkina Faso a les atouts pour devenir une référence en la matière dans la sous-région », a-t-elle conclu.

A l’issue de son exposé, les députés après avoir posé des questions d’éclaircissements, ont félicité et remercié Docteure Aminata ZERBO/SABANE pour la pertinence et la qualité des réponses apportées.

DCRP/MTDPCE